Photo by maxime caron on Unsplash Aloha ! Très rapide rappel du principe : on va vous proposer matière à débattre depuis un sujet concernant l'écriture. Héloïse nous proposera un article sur ledit sujet, puis le débat s'ouvre et enfin vos échanges sur le débat seront synthétises dans un update de l'article précédemment publié. Sans plus tarder je vous laisse avec la plume d'Héloïse et je compte sur vous pour être présent lors du débat qui sera ouvert demain ♥ Photo by Aaron Burden on Unsplash Entrons dans le vif du sujet. Nous allons parler en majeur partie des représentations sexistes dans les romans. Il y a de la matière, je vous assure. Pour commencer, je vais m’attaquer à deux représentations : le syndrome de la Schtroumpfette et les rôles mère/putain/love-interest. Le syndrome de la Schtroumpfette Quand j’ai la chance de trouver un personnage féminin dans un livre, bien souvent il est le seul. Je ne compte plus le nombre de livres où on a une femme pour des dizaines d’hommes dans l’histoire. Cette sous-représentation des femmes n’est pas réaliste dans le sens où, sur Terre, il y a 51% de femmes. Nous sommes loin d’être une minorité, pourtant, nous n’existons pas dans les romans, où nous sommes seules, réduites à un seul et unique personnage. C’est un problème car, de fait, cela empêche de créer de la diversité dans les personnages féminins. S’il n’y en a qu’un seul, il n’y a qu’une seule représentation de femme. De fait, il ne peut pas y avoir de diversité dans la représentation. Je peux aussi souligner le fait que ce personnage est souvent stéréotypé à l’extrême. Bien souvent, c’est la femme clichée par excellence : elle porte des robes ou des jupes, elle est « superficielle », elle est fragile, elle est à protéger, elle est sensible, et j’en passe. À nouveau, le problème n’est pas cette représentation en soit (bien qu’elle soit vectrice de stéréotype), le problème est que c’est la seule représentation qui existe. Si ce n’est pas la seule, elle est majoritaire. Cela pose un énorme problème car elle normalise le féminin comme étant ces caractéristiques et exclut tout le reste. Cela, par définition, détruit la diversité de la féminité. De plus, ce personnage féminin sert souvent de balance pour valoriser les personnages masculins. Le féminin est dévalorisé face au masculin. Cela pose un énorme problème que vous pouvez très facilement comprendre : on dit aux femmes qu’elles n’ont pas de valeur, qu’elles valent moins que les hommes à travers ces représentations. On déprécie le féminin et tout ce qui va avec. En opposition, on valorise le masculin, on le met en avant. Vous comprenez que c’est problématique car ça cela empêche de fait le féminin d’exister en bien, cela empêche le féminin d’être valorisé. Quand vous êtes une jeune femme (ou une enfant, une ado, une femme) et que vous lisez ce genre de récit, vous ne pouvez pas vous projeter dans le personnage, et vous intérioriser le fait que le féminin est moins bien que le masculin. Donc, cette représentation (qui est encore ultra majoritaire dans la littérature) participe au fait de maintenir les oppressions en place, elle les reproduit et les normalise. C’est pour ça qu’il faut intégrer plus de personnages féminins dans nos récits. Il faut que ces personnages féminins soient variés et diversifiés. Bien sûr, il faut valoriser le féminin et les caractéristiques féminines dans nos romans, si on veut lutter contre le sexisme. Photo by Ashley Whitlatch on Unsplash Les rôles des personnages féminins Bien souvent, quand on a la chance d’avoir plus d’un personnage féminin dans un roman, on se retrouve face à trois rôles différents : la mère, la putain, le love-interest. Le personnage féminin est soit la mère du héros, elle est là pour le rassurer et le soutenir. Elle est limitée à un rôle de soutien et de douceur. Soit on a la putain. Souvent c’est une femme forte, déterminée, qui a souvent le rôle de la méchante et que le gentil héros baise (dans les deux sens du terme) au cours du roman. Souvent, elle est dévalorisée par/pour cela. Soit le love-interest. Dans ce cas-là, vous l’aurez compris, le personnage féminin est là pour être l’intérêt amoureux du héros. C’est un personnage doux, qui soutient le héros et qui est surtout là pour être protégée, ou donner une raison de se battre au héros. Souvent, ce personnage est utilisé pour justifier la rage ou la violence du héros, lorsqu’il est tué brutalement ou agressé au cours de l’histoire. Ces trois-rôles sont interchangeables. Encore une fois, ce ne sont pas les représentations en soit qui sont problématiques, à part le fait qu’elles sont à nouveau vectrices de stéréotypes. On a le droit d’écrire des parents, des mères, d’écrire des méchantes et d’écrire des love-interest. Néanmoins, ces représentations présentent deux problèmes. Premièrement, avec les personnages de la mère et de la putain, on a une vision binaire de la femme, teintée de slutshaming (ensemble de comportement(s) individuel(s) ou collectif(s) agressif(s) envers les femmes ayant une sexualité active et décomplexée). On a d’un côté la femme « pure » et respectable en le personnage de la mère. De l’autre on a la salope, avec sa sexualité affirmée donc « impure » et non respectable. Cela véhicule énormément de stéréotypes et contribuent à faire perdurer le slutshaming. On continue à culpabiliser et stigmatiser les femmes sur leur sexualité et sur leur plaisir. C’est problématique. Le love-interest limite à nouveau la femme à un rôle de dépendance. Elle doit être protégée par l’homme. Elle n’existe pas en tant que personne mais en tant qu’objet du désir ou de l’amour de l’homme. Elle a rarement sa propre volonté et souvent elle est entièrement dépendante du héros. Elle est objectifiée et c’est problématique. Je vais me répéter mais le problème n’est pas la représentation en soit, on peut écrire des personnages comme ça, bien qu’elle présente des valeurs problématiques. Le problème est qu’on ne lit que ça, il n’existe que ça. Ensuite, ces représentations sont ultra majoritaires et n’autorisent aucune diversité. Ces représentations sont vectrices de stéréotypes et enferment le féminin dans des caractéristiques prédéterminées. Il est très rare de lire des auteur.rice.s qui s’éloignent de ce modèle, même si les représentations se diversifient depuis une petit dizaine d’année. Une réelle évolution est en train de se mettre en place et effectivement les représentations évoluent. Malgré tout, on lit encore beaucoup trop de récits empreint de sexisme ordinaire (ou du sexisme tout court), qui posent problème car ils véhiculent des stéréotypes de genre très limitants pour les femmes mais aussi pour les hommes. Cela permet au sexisme de perdurer en toute tranquillité et sécurité. Si on veut faire changer les choses, il faut questionner nos récits et les représentations qu’on y écrit. Il faut que notre écriture évolue avec les mentalités. Commencer par apporter de la diversité dans les représentations de nos personnages féminins dans nos écrits est un énorme pas en avant. RDV à l'ouverture du débat pour échanger autour de cette thématique Article écrit par Héloïse Biessy
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